épisode 34 du podcast
On dit souvent que la vérité est subjective. Parce que ce que nous assimilons à la vérité fait finalement référence à notre propre vérité. Et en cela, la vérité devient biaisée.
Le fait est que, la réalité, dans sa définition la plus pragmatique et véridique qu’elle soit, est complètement objective. Il est totalement possible de ne pas être capable ou en mesure de saisir cette vérité pour nous protéger en quelque sorte de ce que nous ne souhaitons pas affronter. Souvent parce qu’il est plus facile pour nous de nous enfermer dans nos à priori et nos opinions; ces à priori et opinions forment notre propre vérité, une vérité subjective, construite par l’égo. C’est finalement dans l’illusion que nous vivons, plus que dans la réalité.
La réalité nait d’une accumulation de faits. La réalité est scientifique, pragmatique, concrète. Elle n’implique aucun biais, ne laisse place à aucune interprétation et donc subjectivité.
Un ami m’a récemment partagé sa réflexion suivante sur la vérité, qui m’a amené à écrire cet épisode aujourd’hui : « 90% des gens ne veulent pas véritablement connaître la vérité, ils veulent simplement qu’on leur dise ce qu’ils souhaitent entendre ».
Et vous ?
La sincérité a toujours été l’un de mes points forts. Autant que j’attends de mes proches qu’ils m’expriment ma vérité, je m’efforce moi-même d’exprimer la réalité avec objectivité. Mais là encore me direz-vous, la vérité que j’exprime est-elle une réalité universelle, ou le fruit de ma propre réflexion? Et donc, in fine, une illusion. De même, la réalité que mes proches vont m’exprimer, est-elle une réalité objective et universelle, ou le fruit de leur propre réflexion individuelle ?
Je vais vous donner un exemple qui m’a pour ma part beaucoup parlé :
> face à moi, se trouve une pomme ronde et rouge : c’est un fait objectif, donc une réalité. J’ai une pomme ronde et rouge posée devant moi, nous la voyons vous et moi de la même manière.
> si à l’inverse je décrète que face à moi, c’est une poire allongée et verte qui est posée : est-ce toujours un fait objectif, et une réalité, ou ma subjectivité, donc mon égo, qui choisit de voir une poire verte et allongée, plutôt qu’une pomme ronde et rouge ?
Alors, que souhaitons nous finalement voir ?
Qu’est-ce que la réalité universelle versus la réalité individuelle ? Mais surtout, comment parvenir à vivre dans la réalité large et universelle pour se détacher de la réalité réduite individuelle ? Dire la vérité, c’est une chose. J’avais par ailleurs enregistré un épisode sur ce sujet bien précis, je vous remettrai le lien en description ici si cela vous intéresse.
Dire sa vérité, s’en est une autre.
Alors encore une fois, c’est à nous en tant qu’individu de prendre la décision avec laquelle nous serons la plus alignée. Vous faites le choix, conscient ou inconscient, de faire face ou non à cette réalité. Nous vivons une grande partie de notre vie dans l’illusion : celle d’un travail qui ne nous accomplit plus, d’une relation amoureuse qui ne nous rend plus heureux. Si nous restons enfermé dans ces réalités, c’est parce que nous faisons le choix de les inclure dans notre grille de lecture comme des réalités universelles. Prenez simplement le recul suffisant pour vous poser cette question : réalité universelle ou illusion individuelle ?
Il peut être difficile, parfois douloureux, d’accepter de sortir de l’illusion pour pénétrer dans la réalité. Souvent parce que la réalité est moins confortable, elle nous pousse à sortir de nos retranchements, à accepter nos points d’amélioration, à accepter tout simplement que nous n’avons pas nécessairement raison.
Je vis 90% du temps dans la réalité universelle. Je m’octroie les 10% restant pour vivre dans ma propre réalité. J’avoue que je ne sais pas si ce ratio est le plus pertinent, mais une chose est sure, il est pour moi un bon équilibre.
90% de réalité universelle, c’est ce qui me permet de vivre avec réalisme et ancrage. Ces 90% sont ceux qui me permettent d’être connectée au monde et à son évolution. Autant qu’à moi et à ma propre évolution. Car sans cette connexion réelle, sans remise en question, nous ne sommes pas en mesure de tomber pour apprendre et ainsi grandir. La réalité est souvent difficile, mais elle est notre meilleure enseignante. Oui, la réalité est souvent difficile, parce qu’elle ne nous montre pas ce que nous souhaitons voir. Elle ne nous conforte pas dans des mots, des paroles, des situations qui nous rendent la vie simple. La réalité nous pousse à nous remettre en question, pour finalement devenir une version de nous même encore meilleure.
Si cette réalité universelle est si puissante, pourquoi conserver 10% de réalité individuelle ? Pourquoi continuer de cultiver 10% de pensée menée par l’égo ? Potentiellement que je ne suis pas encore arrivée au bout de mon chemin, et que ces 10% me tiennent à flot. Si tout était 100% pragmatique et réaliste, est-ce que le monde serait finalement aussi vivable qu’il ne l’est aujourd’hui ? Si nous acceptions de vivre pleinement dans la réalité universelle, dans les faits tels que la société les a définit, serions-nous sen mesure d’atteindre notre bonheur individuel ?
Nos différences nous mènent vers des formes, des définitions du bonheur, qui sont nécessairement différentes. Cette diversité nait nécessairement de nos manières individuelles de lire le monde, mais surtout, ne lire la partition de notre bonheur.
J’accepte ces 10% d’illusion dans ma vie, en tout cas à l’instant T.
Si je choisis de voir une poire verte et allongée en face de moi, alors pourquoi pas ?
L’équilibre est probablement l’une des clefs de notre épanouissement individuel. Je ne crois plus en un monde noir ou blanc, et je ne crois plus non plus que la perfection doit exister. Je crois que nous chemins de vie nous mènent dans des chemins souvent tortueux, qui nous poussent à dessiner nos propres réalités.
Dès lors que nous sommes conscients que cette subjectivité existe, alors nous pouvons faire le choix conscient de la vie que nous souhaitons mener.
Comme toujours lorsque je vous partage mes réflexions, je vous dis qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Et c’est vrai 99% du temps je dirais, du moins lorsque nous abordons le sujet du développement personnel. Car dit personnel, dit individuel. Et qui dit individuel, dit donc égo.
Dans la philosophie yoga, l’égo est origine de souffrance. Parce que l’égo nous empêche justement de nous mener dans le monde réel, et nous enferme dans ce monde irréel qu’est maya. Sur mon chemin vers l’amour et le bonheur, j’apprends à vivre dans le gris, j’apprends à m’accepter telle que je suis et à accepter les différences de chacun. Car c’est en embrassant cette diversité qui nous compose, que j’apprends à m’aimer pour la singularité que j’incarne. J’apprends à lâcher prise sur cette structure trop longtemps imposée, et à vivre ma vie pleinement. Que vous viviez dans la réalité ou l’illusion, cela a t il réellement de l’importance ? Ce qui importe véritablement c’est en fait d’avoir conscience de là où vous vous trouvez. C’est par le lâcher prise que vous atteignez la conscience et que vous reprenez finalement le contrôle de votre vie.
Si vous souhaitez voir une poire verte en face de vous, plutôt qu’une pomme rouge, qu’il en soit ainsi ! Tant que vous êtes consciente que ce que vous voyez devant vos yeux, n’est pas nécessairement ce que quelqu’un d’autre verra. Dans ce bonheur que je me construis, je parviens à trouver l’équilibre en brisant les chaines qui m’ont longtemps étouffé, pour m’incarner véritablement. C’est en expérimentant que vous développerez la connaissance de vous-même.
Le bonheur, au même titre que l’amour, passe par la connaissance individuelle autant qu’universelle.