épisode 27 du podcast
Lorsque l’on cherche un travail qui rentre dans les normes,
Lorsque l’on cherche un appartement qui rentre dans les normes,
Lorsque l’on cherche à créer une famille avant ses 30 ans, pour rentrer dans les normes,
C’est nécessairement dans le but de trouver sa place dans la société.
Car c’est finalement ce vers quoi nous nous dirigeons initialement : répondre aux règles, aux standards de la « normalité ». Parce que, être « normal », c’est rassurant, c’est confortable. C’est facile – mentalement j’entends. On nous apprend que plus l’on rentre dans les critères de normalité, plus c’est signe de réussite, de fierté. Et qu’à l’inverse, exprimer haut et fort ses différences, en bref son anti-conformisme, c’est être anormal.
L’anormalité, a une sonorité négative.
C’est le terme finalement péjoratif pour exprimer une tout autre réalité : l’originalité, la singularité. Je crois que ce qui fait finalement le plus peur dans l’idée de prendre des décisions qui auront un impact radical sur notre vie, c’est la peur du jugement des autres, et aussi la peur de ne pas assumer son anti-conformisme.
Être différent, c’est quelque chose qui nous effraie.
Être anormal, c’est quelque chose qui nous effraie.
Alors qu’on ne cesse de nous encourager à « être nous-même » : mais si nous ne sommes finalement pas encouragés à être différent et singulier, dans quelle mesure pouvons-nous être nous ? Car la singularité implique nécessairement, une forme d’anormalité. Exprimer qui l’on est, c’est fondamentalement sortir du moule dans lequel nous devrions nous fondre. Le fait est, qu’il n’y a pas un moule qui aille pour tous.
« Qui suis-je ? »
Fut finalement la question qui a motivé mon départ vers de nouveaux horizons. Car à cette question, je n’avais à l’époque aucun réponse à apporter. Et l’ignorance est d’autant plus effrayante que ne l’est la différence. Alors, dans cette quête de réponse, j’ai nécessairement du enfreindre les règles de la normalité : ne pas avoir de « maison » vraiment définie, ne pas avoir un travail qui rentre dans les normes. Et, être célibataire à 30 ans, est-ce le signe que j’ai raté ma vie ? Ne pas avoir d’enfant à 30 ans, est-ce le signe que j’ai raté ma vie ? Ne pas avoir de maison permanente à 30 ans, est-ce le signe que j’ai raté ma vie ?
En m’embarquant dans ce voyage, j’ai finalement laissé derrière moi une vie certes « normale », mais une vie qui ne me ressemblait pas ou plus. J’ai laissé un mode de vie, défini par des normes, des idées, dans lesquelles je ne me retrouvais pas. J’avais ma vision personnelle de la vie que je désirais, et au fond de moi, j’étais convaincue que je n’étais pas la seule. Au fil des voyages, au fil des rencontres, la vie que je mène aujourd’hui ne me semble plus différente ou anormale ; objectivement, je sais qu’elle apparait aux yeux du plus grand nombre comme anormale – ou plutôt atypique. Mais à mes yeux, mon anormalité est devenue la norme.
La perspective joue un rôle essentiel dans la définition que l’on se fait de la normalité. L’environnement dans lequel vous choisissez d’évoluer, prend une place encore plus importante dans la manière avec laquelle vous allez vivre votre expérience.
Un tournesol au milieu d’un champ de coquelicots.
Un coquelicot au milieu d’un champ de tournesols.
Je suis sûre qu’avec cette image, vous voyez encore mieux là où je veux en venir ! Dans le premier cas, c’est le tournesol qui est non conforme et différent. Dans le second cas, c’est le coquelicot. Si vous vous entourez de personnes complètement différentes de vous, dont la norme sera différente de la vôtre, alors oui, vous serez considéré comme anormal. Mais si vous vous entourez de personnes qui vous correspondent en tout point, qui ont la même vision de la vie que vous, les mêmes envies et aspirations, alors vous serez simplement dans la norme.
Mon choix de partir, c’était un choix de survie : j’étais non seulement déconnectée de mon chemin de vie, mais j’étais tout autant déconnectée de la société. Et ce manque de connexion parfois m’effraie : car jamais je ne serais en mesure de me conformer à nouveau à ces règles, jamais je ne serais en mesure de comprendre, d’approuver, son fonctionnement.
Mon chemin dans le yoga a amplifié ce sentiment. En étudiant la philosophie du yoga, j’ai développé une réflexion spirituelle autour de la vie qui nous offre une vision tellement plus grande que ce que la société nous inculque. Loin du matérialisme, de l’opportunisme, de l’individualisme, du capitalisme. Toutes ces règles, tous ces comportements, engendrent tellement de souffrance. Nous sommes pourtant des êtres libres; notre expression personnelle est étouffée par des standards. On nous donne l’impression d’être libre d’être qui nous voulons être, mais c’est finalement un mensonge. Ou alors disons que nous sommes libres d’être qui nous sommes, mais dans l’idée que cela rentre dans le cadre pré-défini. Vous savez, c’est un peu comme les pages d’astérisques en police 8 que vous retrouverez à la fin d’un contrat. Personne ne les lit vraiment, mais c’est pourtant elles qui nous imposent le plus de contraintes.
Plus j’avançai dans le yoga, plus je commençai à me demander pourquoi le monde fonctionne ainsi. Pourquoi tout s’est fondé sur l’économie, alors que nous pourrions vivre exactement de la même manière, sans faire rentrer d’argent dans ces échanges. Finalement, l’argent a fini par dicter nos vies : il faut gagner de l’argent pour avoir un toit au-dessus de la tête, à manger chaque jour dans son assiette. L’argent est signe de réussite, de reconnaissance. Et, je sais que la mondialisation est un sujet bien plus complexe qu’un simple échange d’offre et de demande, mais quand même, je vous invite à la réflexion.
Dans quelle mesure un monde basé sur la bienveillance et l’échange non monétaire pourrait fonctionner ?
Si on nous éduquait à une nouvelle norme, alors la précédente serait la plus anormale. Si je cultive des légumes et que mon voisin des fruits, alors ne pourrais-je pas simplement troquer une partie de ma récolte pour la sienne ? Si notre société avait été dès le départ fondait là-dessus, alors peut-être que cela fonctionnerait aujourd’hui. L’avidité n’existerait pas, et nos besoins se restreindraient finalement à ce que nous connaissons : la simplicité des choses essentielles, ni plus, ni moins.
Gagner plus, pour acheter plus : c’est finalement l’équation du monde actuel dans lequel nous vivons. Gagner plus, pour dépenser plus. Et plus nous avons, plus nous voulons. Avidité, attachement et matérialisme : est-ce des termes qui sonnent justes ? Est-ce des termes qui riment avec bonheur ?
Je suis sûre que vous avez déjà regardé ce film, « Into the Wild » : l’histoire vraie d’un homme qui choisit de s’échapper de la société. Au moment de son départ, il se sent oppressé par sa vie, par le manque de connexion avec ses proches. Il laisse de côté le confort qu’il a construit, pour une vie bien plus simple et recentrée sur l’essentiel. Il se débarrasse de ses bien matériels pour commencer sa nouvelle vie, sur la route. Il vivra ainsi pendant 2 ans, traversant l’Amérique dans son van, de petit travail en petit travail, de rencontres en rencontres. Il passa les 4 derniers mois de sa vie isolé dans un bus abandonné en plein milieu d’une forêt d’Alaska, avant de mourrir intoxiqué. Ce personnage qu’il incarne, c’est finalement celui d’un homme extrême, rebelle; mais qui malgré son anti-conformisme, nous inspire tous et toutes d’une manière ou d’une autre. Cette recherche de liberté ultime, c’est finalement celle que nous poursuivons tous.
Mais, au-delà de cette liberté qu’il s’est offerte, il réalise une chose cruciale : celle que le bonheur ne peut exister que s’il est partagé. Que les plus beaux souvenirs de son voyage, sont ceux qui impliquent de nouvelles rencontres. Il réalise qu’une vie purement solitaire, ne peut pas le rendre heureux. Il réalise que nous sommes tous humains, que nous ne sommes pas parfaits et que nous ressentons tous de la même manière. Que malgré nos imperfections, nous avons tous besoin d’amour, d’affection et d’attention. Il apprend ce que signifie la tolérance, la compassion, l’empathie.
Alors, si je partage ici cette réflexion sur ce film, c’est pour vous inviter à voir la vie sous un angle nouveau. On dit souvent que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs : et c’est vrai. Et c’est ce que le yoga m’a enseigné : l’importance du contentement et du moment présent. L’importance de se focaliser sur les choses essentielles de sa vie, celles qui sont à l’origine de notre bonheur véritable. Pour parvenir à sortir de l’équation tous les éléments superficiels et matériels : posséder n’est pass le problème dans l’absolu. C’est l’attachement, qui nous rend malheureux.
Ne vous attachez pas à ce que les autres ont.
Car vous possédez tout autant.
Votre valeur, ne se définit pas par ce que vous possédez.
Votre valeur réside dans votre capacité à ouvrir votre coeur et votre esprit, à vous considérer comme partie d’un tout.
Ne restez pas coincer dans l’idée que tant que nous n’aurez pas fait ce voyage, pas eu cet objet, vous ne pourrez vous accomplir pleinement – c’est un peu vous mentir à vous-même.
Ne vous projetez pas vers un projet en vous confortant dans l’idée que toutes les réponses s’y trouvent; vous risqueriez d’être bien déçu.
Partir à l’autre bout du monde, c’est une façon de couper drastiquement d’un quotidien dans lequel nous n’avons plus de repères. C’est nous offrir la possibilité de sortir la tête de l’eau, pour offrir un nouveau regard à notre vie. Mais il n’est pas indispensable pour avancer vers le bonheur.
Fermez un instant les yeux, peu importe où vous vous trouvez, physiquement ou dans votre vie.
Fermez les yeux et demandez vous qui et quoi contribuent à votre bonheur.
Prenez le temps chaque jour d’une balade seul(e) dans un coin de nature.
Votre voyage peut demeurer intérieur, dès lors qu’il est sincère et véritable.